Voyons maintenant plus en détail la section de la rue principale de l’autre côté du ruisseau, c’est-à-dire le secteur de l’aréna, où se trouve aussi l’épicerie Nuviqvi. Cette partie de la ville se caractérise par des zones rocheuses qui avaient jusqu’à présent été écartées des zones potentielles de développement du village de Kuujjuaq. Nous proposons de repenser la façon de développer la ville et de s’ouvrir à de nouveaux modes constructifs sur pieux, qui permettraient de bâtir la ville sur la ville. Ainsi, la possibilité s’ouvre à la construction de nouvelles habitations à proximité des services existants. En été comme en hiver, le bâti permet ainsi la création de micro-espaces confortables et protège l’entrée des maisons. En effet, l’orientation des bâtiments dans le projet est dictée par les conditions bioclimatiques, soit la direction des vents dominants et l’ensoleillement, tout en étant sensible à la topographie du cap rocheux.
L’implantation des bâtiments déroge à cette règle lorsque l’on s’approche de la rue principale. Ces derniers viennent alors s’y adosser et rythment le passage. Des commerces et des services communautaires soutenus par l’offre résidentielle sont proposés. Ils se placent bien en vue, à l’approche des courbes et aux intersections clés afin de ponctuer le parcours. Les bâtiments se posent sur le territoire en respectant les parcours organiques existants et en laissant place à l’infiltration de nouveaux sentiers. La notion d’avant-arrière est redéfinie au profit de l’animation de la rue et des espaces partagés.
Justement, comment vit-on ces espaces partagés dans un paysage au relief marqué? La construction sur pieux permet de s’implanter en se déposant dans le paysage, ayant ainsi une faible empreinte au sol et un meilleur contact avec la nature. La toundra nordique peut ainsi être conservée et nous nous abstenons d’installer un nouveau radier qui envahirait cette fragile végétation.
De la même façon qu’il est possible de le faire dans le secteur de l’école, nous partageons ici espaces extérieurs et équipements. La pente étant plus marquée dans la transition entre la maison et la rue, les sheds et autres équipements n’ont pas de mal à trouver leur place au travers des habitations sur une pente un peu plus douce. Cette pente devient même une opportunité pour le jeu, alors que les enfants peuvent s’amuser tout en restant à proximité des maisons.
Un des équipements commerciaux les plus importants du secteur est l’épicerie Nuviqvi, qui donne lieu à un va-et-vient automobile important. Faisant face à un grand stationnement de gravier peu aménagé, ce lieu est très fréquenté, mais pourtant très peu confortable. L’entrée n’est pas beaucoup marquée, mais semble être un lieu de rassemblement pour la population locale.
Ainsi, on profite de l’affluence importante de l’épicerie pour proposer l’extériorisation des usages intérieurs et ainsi permettre l’appropriation de l’espace public. L’aménagement d’un lieu protégé et confortable s’étire jusqu’à la rue principale où se loge l’arrêt d’autobus. L’intervention anime et encadre. L’accès des voitures au stationnement est balisé et un parcours piéton est affirmé par les bollards qui permettent tout de même de conserver une perméabilité.
Ce parcours piéton se continue jusque dans les hauteurs du forum vis-à-vis duquel s’implantent les nouvelles habitations, encore ici construites sur pieux. Le croisement entre un mode d’implantation sensible à la topographie et au caractère naturel et un mode d’implantation fonctionnel qui s’aligne à la rue permet donc de ponctuer la rue et de l’encadrer de façon douce tout en profitant des percées visuelles en surplomb sur le village. Un arrêt d’autobus est aussi aménagé à proximité des services et participe au réaménagement de l’intersection de façon à augmenter la sécurité et le confort des piétons.
Nous pourrions imaginer Taasmusi, un jeune adulte qui profite de l’offre de petits logements pour enfin quitter le nid familial. Comme il n’a pas encore de voiture, il est parfait pour lui d’habiter à proximité des nouveaux arrêts d’autobus où il peut attendre son transport confortablement. Sa maison est également à proximité de l’aréna, où il se rend régulièrement, et des lieux de rassemblement, où il peut voir ses amis.
Un peu plus loin habiteraient George et sa grande famille, qui se réjouiraient de leur nouveau logement à quatre chambres. Heureux de pouvoir profiter de la pente pour glisser en hiver, ces derniers se trouvent également à courtes distances de l’épicerie et de l’aréna : des lieux du quotidien inévitable pour cette grande famille.
En conclusion, le projet consiste à affirmer les cœurs d’activités de Kuujjuaq en misant sur la rue principale comme une opportunité pour les soutenir. La consolidation douce de terrains sous-utilisés permet l’implantation de nouveaux types d’habitations en complémentarité à l’aménagement d’espaces communs conviviaux et modestes.
Nous vous présentons aujourd’hui notre projet Consolidation à cœur ouvert, ou comment affirmer les centralités de Kuujjuaq. En ordre de présentation : les trois enjeux et objectifs qui nous ont permis d’élaborer des stratégies d’interventions, le plan d’ensemble et les phases de développement, et les deux secteurs d’intervention plus en détails.
C’est pendant notre visite à Kuujjuaq que nous avons constaté que le village se développe très rapidement, mais en s’étendant de plus en plus dans le territoire. L’accès aux services devient problématique pour les ainés ou les travailleurs temporaires ne possédant pas de voiture. Les nouveaux développements résidentiels sont inaccessibles par la marche, comme on peut le voir sur l’image avec les rayons de 400m et 800m. Nous avons donc tenté de trouver le centre du village et comprendre autour de quoi il s’articule.
Ainsi, notre premier objectif est d’orienter stratégiquement le futur développement résidentiel de Kuujjuaq, tout au long de la rue principale, pour limiter l’étalement et surtout, pour profiter des services existants. Nous avons conclu que la rue principale de Kuujjuaq serait la route partant de l’aéroport, passant devant l’école secondaire et se poursuivant jusqu’à l’aréna.
La rue principale, c’est le parcours incontournable et sinueux qui traverse Kuujjuaq, dont le segment principal relie l’auberge à la garderie. Plusieurs activités s’y concentrent et plusieurs parcours s’y croisent pour former des centralités aux couleurs particulières. Ces cœurs d’activités sont situés à distance de marche de la plupart des secteurs résidentiels. Il est à noter que les confettis sur le plan marquent les lieux d’intensité, formés par des services publics et des lieux partagés, où prendront place nos interventions.
La rue principale à Kuujjuaq, c’est 2,4 km entre le début et la fin du segment d’intervention, totalisant 5 minutes en voiture et 30 minutes à pieds. On y retrouve de tout : des bâtiments communautaires en bleu, quelques bâtiments commerciaux en rouge, des maisons et des sheds, faisant face ou non à la rue, le tout dans un tissu passablement lâche et diffus.
Pour mieux comprendre la rue principale et ses activités, nous vous présentons une lecture de celle-ci par séquences.
En quittant l’aéroport, c’est seulement à partir de l’auberge qu’on constate un bâti plus structuré. On peut le considérer comme un secteur industriel léger, avec ses petits bâtiments de tôle, ses garages, etc. C’est un tissu aux mailles très larges.
Un secteur dynamique qui pourrait être considéré comme la principale centralité du village. C’est à cet endroit qu’on retrouve une concentration d’activités, les institutions les plus importantes comme l’ARK, l’école secondaire et le bureau de poste.
Une rue résidentielle typique avec des maisons bien alignées, équidistantes les unes aux autres faisant face à la rue, dont une partie est balisée par des blocs de béton, pour protéger le piéton.
La zone naturelle réservée pour la cueillette de petits fruits, traversée par le ruisseau. Il n’y a aucun bâti, et on sent ici que le village est séparé en deux.
Un second tissu résidentiel avec un bâti aligné qui n’est pas en relation avec la rue, où l’on retrouve majoritairement des côtés de maisons et l’épicerie Nuviqvi.
Finalement, le bâti institutionnel, un maillage très large, se concentrant sur un seul côté de la rue, ce qui fait en sorte que la circulation est très rapide et la rue très peu confortable pour les piétons.
Nous pouvons conclure que la rue principale est fragmentée et difficilement appropriable sur toute sa longueur. Notre vision: en faire un lieu rassembleur d’activités, marchable et surtout, sécuritaire. Pour ce faire, nous avons établi trois types d’interventions sur le parcours afin de restructurer la rue principale.
D’abord, sécuriser la circulation piétonne par des parcours balisés : bollard, enrochement et traverses piétonne aux intersections. Ensuite, apaiser et ralentir la circulation en corrigeant les intersections trop vastes qui provoquent la désorientation. Cela permettra aussi de mieux sentir la direction de la rue principale. Finalement, animer la rue en profitant du transport en commun existant pour y aménager des arrêts d’autobus plus marqués, jouant aussi le rôle d’aires de repos ou d’espaces communs extérieurs à l’abri du vent et des intempéries. Dans certains cas, des aires de jeux pour enfants viendrait s’y annexer.
Ceci nous amène à notre deuxième enjeu, soit l’implantation d’un bâti en décalage par rapport au mode de vie inuit et au climat nordique.
Nous formulons donc un deuxième objectif qui est de consolider les milieux de vie avec des habitations et des services, dont l’orientation et la configuration conditionnent des espaces communs confortables, et répondent à des pratiques inuit, en été comme en hiver. Tout en considérant le contexte et le cadre bâti actuel, nous tentons de créer un hybride entre ce que l’on comprend du mode de vie traditionnel et les exigences du mode de vie moderne.
Encore une fois, nous nous sommes fixé six principes d’aménagement. Ces principes guideront nos propositions. Nous parlons alors d’offrir une cour commune en intérieur d’îlot, encourageant un mode de vie communautaire tel que l’on l’observe déjà dans certains cœurs d’îlot existants. Ces espaces peuvent accueillir des équipements partagés, comme des sheds et des espaces de stockage. Nous cherchons à favoriser une implantation qui laisse place aux sentiers et raccourcis informels, qui se feront immanquablement. Nous nous servons des bâtiments comme outil pour créer des zones protégées des vents, tout en profitant d’un maximum d’ensoleillement. Les maisons encadrent la rue principale de manière plus serrée, agissant comme repère lors des blizzards d’hiver. Finalement, l’implantation se fait en respect avec l’environnement naturel.
Le troisième enjeu concerne le manque de logements adaptés aux besoins de la communauté. Comme mentionné plus tôt, Kuujjuaq fait face à un manque flagrant de logements, soit d’environ 146 unités. De plus, nous constatons que les logements constituant le parc immobilier du village semblent mal répondre aux besoins de la communauté.
Nous formulons donc notre troisième objectif, qui est de proposer des types d’habitations variés, flexibles et adaptés qui répondent aux besoins des différentes populations locales et temporaires. Ainsi, on tente de répondre au surpeuplement des logements abritant de grandes familles en offrant plus de grands logements, mais aussi en offrant de plus petits logements permettant aux jeunes adultes qui le désirent de quitter la résidence familiale. D’autre part, on remarque que les travailleurs occupent souvent de grands logements. Bien que ce mode d’habiter convient à certains, nous envisageons des logements plus petits qui peuvent répondre plus adéquatement à leurs besoins. Finalement, nous encourageons une certaine mixité entre les diverses tranches de population notamment entre les travailleurs venant du sud et les populations locales. Évidemment, cette mixité ne se force pas et nous sommes conscients que les intérêts des différentes populations ou communautés peuvent différer. Néanmoins, elle peut être encouragée par une proximité des milieux d’habitation, par un croisement des parcours quotidiens et par le partage des espaces publics.
À la lumière de nos observations et des différentes études démographiques, nous comprenons que la population de Kuujjuaq n’est pas homogène. Nous avons tenté de comprendre comment les tranches de population se définissent par leur façon d’habiter et du même coup, de saisir les besoins de la communauté. Nous remarquons une demande en petits logements pour des jeunes adultes, qui souhaiteraient quitter la résidence familiale, des personnes vivant seules, des couples sans enfant et des ainés. Pour les familles, que ce soit monoparentales, petites ou grandes, nous constatons toujours un besoin en plus grands logements pour que tous puissent avoir un endroit où dormir hors des pièces de vie. Et finalement, les travailleurs temporaires en provenance du sud ont pour la plupart besoin de moins d’espace, comme ils ont souvent peu de biens avec eux.
Pour arriver à combler les besoins, nous proposons la construction de nouvelles unités et l’agrandissement de logements existants. Cherchant à être le plus flexible possible pour répondre au contexte de crise, les nouvelles constructions se composent à partir d’un module d’étage de 84 m.c. pouvant facilement être aménagé en logement à une ou deux chambres. Organisé sur deux étages, il offre la possibilité d’un grand logement pouvant accueillir jusqu’à quatre chambres. Nous proposons aussi une habitation collective plus dense. Cette forme d’habitation pourrait se présenter comme des résidences partagées pour travailleurs temporaires. Dans le but d’offrir plus de grands logements pour les grandes familles, nous suggérons aussi l’agrandissement progressif d’unités existantes. Ainsi, notre proposition comporte 264 nouvelles unités et 12 unités agrandies.
Ces modes d’habiter se déclinent en plusieurs variantes qui s’appuient sur des dénominateurs communs comme la salle mécanique partagée pour tous les logements, le sas tempéré et les espaces extérieurs partagés. L’idée de construire cette variété d’unités s’appuyant sur des modules flexibles est d’atteindre un parc de logement qui encourage un parcours résidentiel plus large pour l’ensemble de la population. Autrement dit, il devient plus facile de trouver un logement qui convient à ses besoins.
Si l’on passe au plan d’ensemble à l’échelle de Kuujjuaq, l’idée est d’affirmer la présence et la complémentarité des cœurs du village nordique par une consolidation douce le long de la rue principale qui mise sur des habitations variées et des espaces partagés conviviaux soutenant l’identité Inuit. Bien que la proposition s’intéresse à toute la rue principale, elle se concentre à deux centralités, soit le secteur de l’école secondaire, de la poste et de l’ARK et le secteur de l’aréna.
Afin de mieux comprendre l’intervention, nous allons vous la présenter par phase. D’abord, nous avons la phase de démolition des bâtiments désuets et le déplacement de bâtiments pouvant être relocalisés, en raison de leur usage parfois incompatible à leur emplacement actuel.
Nous proposons l’ajout de nouvelles unités d’habitation le long de la rue principale, sur les terrains libérés et les espaces sous-utilisés. Les bâtiments s’implantent en priorité à proximité des services existants et des arrêts de transport en commun. Les habitations plus denses sont implantées selon des endroits stratégiques, comme des intersections importantes comme l’entrée de la ville et à proximité des principaux lieux de travail, comme l’ARK et l’hôpital.
À partir d’un certain temps, l’agrandissement des établissements publics et même l’implantation de nouveaux usages communautaires est prévu. Par exemple, toujours aux abords de la rue principale, de nouveaux bâtiments à caractère éducatif et complémentaires à l’école secondaire pourrait être implantés.
Une deuxième vague d’habitation permet de consolider les différentes centralités. La rue principale est maintenant le cœur du village et des nouveaux quartiers d’habitation.
La consolidation s’arrime au réseau de transport en commun déjà en place à Kuujjuaq, celui-ci transitant déjà partiellement par la rue principale. Les arrêts existants sont réaménagés et bonifiés, avec des abris plus confortables.
Premièrement, le secteur de l’école. C’est un centre déjà affirmé, regroupant plusieurs institutions et bâtiments publics, comme l’école secondaire, l’ARK, le bureau de poste et l’hôpital. Dans ce secteur-ci, le développement que nous proposons doit se faire en considération de l’existant. La construction se fait sur le radier déjà présent, nous proposons donc la réutilisation de la technique constructive déjà bien connue à Kuujjuaq, celle sur vérins.
La densification se fait en grande partie par l’habitation. Cependant, puisqu’il est question de la rue principale, est se fait aussi par l’implantation de nouveaux bâti public. Ainsi, nous pouvons voir l’implantation de nouvelles institutions autour de l’ARK et de l’école secondaire, et l’agrandissement d’institutions déjà existantes, afin de remplir la demande qui viendra avec le grandissement de la population dans le futur. Ces nouveaux bâtiments sont de plus gros gabarit et font face à la rue, ce qui permet un bon encadrement de celle-ci. Un aménagement a aussi été prévu pour la cour d’école actuelle, avec de nouveaux équipements récréatifs. L’implantation d’habitations à l’arrière de l’école permettra d’assurer une surveillance naturelle du nouveau parc.
Des tracés informels existants et empruntés par les automobilistes au cœur de la boucle militaire ont été réaffirmés et permettront l’implantation de nouveaux bâtiments à l’intérieur du grand îlot existant. Tous les bâtiments sur la rue ont été placés afin d’améliorer la lecture de celle-ci et l’orientation des automobilistes, surtout en période hivernale. Dans le même but, nous nous sommes concentrés sur les intersections importantes de la rue. L’intersection sur le coin de l’école, par exemple, qui était très large et peu claire, est mieux encadrée et délimitée, et est rendue plus sécuritaire pour les piétons. Aussi, plusieurs agrandissements de logements sont faits dans ce secteur, surtout sur la séquence résidentielle entre l’école et le pont. Les agrandissements nous permettent ainsi de ponctuer la rue principale, de fournir des logements pour les familles nombreuses qui sont proches des centralités, et le tout sans aller dans du nouveau développement.
Cette perspective se situe à l’entrée de la ville, lorsqu’on arrive par l’aéroport, passé l’hôpital. C’est à cet endroit qu’on doit ressentir pour la première fois qu’on entre dans le cœur du village. Cependant, ce n’est pas tout à fait le cas. La rue est très large et le radier, très vaste. La rue ne se distingue pas très bien du reste et le bâti l’encadre peu. Ceci fait en sorte que l’orientation peut être difficile, surtout en hiver.
Avec notre intervention, nous marquons d’abord l’entrée de la ville en resserrant l’intersection et en implantant du nouveau bâti. Un meilleur encadrement de la voie permet une meilleure lecture de la rue. L’intersection devient alors le début d’une séquence de la rue plus dense, plus resserrée, qui aide au ralentissement du trafic automobile. La nouvelle implantation crée aussi un nouveau rythme sur la rue, avec un bâti de plus haut gabarit, aidant à marquer une plus forte centralité. Pour ce qui est du réaménagement de l’intersection en tant que telle, un ajout de végétation et d’enrochement permet encore une fois le ralentissement du trafic. Des chemins balisés pour les piétons et une traverser plus marquée rendent la circulation plus sécuritaire et confortable.
On voit ici un exemple de vie communautaire en cœur d’ilot, inspiré par l’appropriation de l’espace qu’on a pu observer dans les cœurs d’îlot actuels de Kuujjuaq. La construction de terrasses communes pour chacune des habitations jumelées permettent une gradation plus fine dans le passage du privé au public. On pourrait ainsi voir une transition à partir de la maison privée, vers une terrasse commune pour les deux ou trois maisons qu’elle rattache, pour finalement arriver à une cour arrière semi-publique et ouverte à tous.
En hiver, le cœur d’îlot reste animé, mais ses activités varient. Des sheds ont été conçus pour aller avec chacune des maisons. Certaines sont grandes et partagées, d’autres sont plus petites et appartiennent qu’à une seule famille. Les cœurs d’îlot ont été conçus sans chemin balisé. Nous gardons en tête que les chemins informels se feront d’eux-mêmes et qu’il y aura possibilité de traverser les îlots comme bon il semble.
Dans le secteur de l’école, pourrait par exemple habiter Elena, une jeune maman monoparentale. Elle pourrait vivre dans un petit logement à proximité de l’école et de l’épicerie, autour duquel elle peut se déplacer à pied ou avec les transports en commun passant à proximité. Elle vivrait dans un quartier en compagnie d’autres jeunes familles.
Aussi, il pourrait y avoir Vanessa, une travailleuse temporaire venant de décrocher un contrat de quelques mois à l’hôpital par exemple. Elle n’a jamais mis les pieds au Nunavik et aimerait peut-être se retrouver dans un milieu de vie à proximité de personnes qui ont les mêmes intérêts ou qui sont dans la même situation qu’elle. Elle pourrait se plaire dans l’habitat collectif, qui pour les travailleurs temporaires se présente un peu comme une résidence dont les chambres sont privées et les espaces de jour, partagés. Ces types d’habitation sont tous implantés à proximité des lieux de travail et des organismes, pour servir aux travailleurs temporaires.