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Sites de rencontres

PROJET FINAL |  16 décembre 2015

Mise en contexte et analyse des lieux

En octobre dernier, nous avons eu la chance de voyager au Nunavik, dans les villages nordiques de Kuujjuaq et d’Inukjuak.

 

À Kuujjuaq, nous avons décidé de recenser les bâtiments du village dans le but de créer un atlas dans lequel chacun des bâtiments serait répertorié en une image. À travers ce processus, nous avons pu observer, d'abord et avant tout, un grand nombre d’éléments, d’activités et de phénomènes urbains propres au village. Par exemple, nous avons remarqué que les espaces entre les façades des maisons et la rue sont actuellement déserts. Les routes ne sont qu’utilitaires, et un synonyme de danger : c’est plutôt dans les arrière-cours qu’on peut remarquer des activités typiques au quotidien des résidents.

L'accumulation

Le cœur d’îlot, c’est là qu’il nous a été possible d’observer des activités quotidiennes insoupçonnées au sein du village. D’une envergure assez importante, les cœurs d’îlots résidentiels de Kuujjuaq sont des lieux caractérisés par une accumulation marquante d’objets, mais également d’activités de toutes sortes pratiquées par les résidents.

 

En effet, on y observe des activités telles que de la tannerie, du dépeçage, du rafistolage et de l’entreposage. On y recense également un nombre important de conteneurs métalliques, de matériaux de construction, d’outils servant à des activités de réparation, de bateaux, de chaloupes, de véhicules motorisés et finalement, un nombre frappant de sheds de jardin.

Les sheds et conteneurs

Sur le territoire, ces sheds sont si nombreux qu’il est possible de lire le tissu urbain du village à travers elles. Dans les cœurs d’îlots, on en compte facilement 2, 3 ou 4 par unité résidentielle. Les sheds, représentés en jaune sur la carte, remplissent et envahissent les cœurs d’îlots, agissant à la fois comme des hôtes aux activités qui s’y exercent, à la fois comme des barrières physiques et visuelles. Souvent, les sheds ne sont pas suffisants à encadrer les biens et activités quotidiennes des résidents.

 

 

 

Dans plusieurs cas, les résidents ont déplacé des conteneurs métalliques délaissés sur le territoire dans leur cour arrière  afin de pallier ce manque d’espace de stockage.En observant ceci, nous avons finalement décidé de procéder au recensement, sur place, des conteneurs à proximité des milieux résidentiels sur le territoire.En comptabilisant la disponibilité étonnante de ces unités préfabriquées à travers le village de Kuujjuaq, nous avons décidé d’orienter notre mode d’aménagement de manière à les intégrer, à les utiliser afin de travailler de manière rapide et efficace, dans une optique d’économie et d’implication sociale. Le conteneur deviendrait donc le module de base qui servira à la matérialisation de nos divers sites de rencontres.

Les centralités existantes et observées

Il existe déjà, à Kuujjuaq, certaines centralités qui sont les hôtes de réunions informelles et d’activités de voisinage sur une base quotidienne. En tenant compte de ces centralités déjà existantes, nous avons donc tenté d’implanter de nouvelles plateformes sociales afin d’être en adéquation avec ces dernières.

Enjeux abordés et interventions proposées

Toutefois, l’enjeu le plus urgent de Kuujjuaq demeure le surpeuplement des logements et le manque d’unités d’habitation. Ainsi, nous avons intégré à notre proposition une solution qui permet pallier cette crise du logement en trois phases distinctives, dont nous vous parlerons dans quelques instants, et qui porte une attention particulière à la consolidation du vieux centre du village dans l’espoir de contrer le phénomène d’étalement actuel.

 

Le deuxième enjeu auquel nous avons tenté de répondre par le projet sites de rencontres est l’implication volontaire et active des résidents dans l’aménagement du territoire. En effet, nous croyons que d’impliquer les villageois dans l’aménagement de leurs milieux de vie permettrait de rendre ces milieux encore plus adaptés et fleurissants. C’est notamment par l’implantation de notre première placette à proximité du Carpenter’s shop du village que nous tenterons de répondre à cet enjeu.

 

Le dernier enjeu abordé est le potentiel des lieux d’activités à devenir des espaces de socialisation. On a pu noter un manque d’infrastructures pouvant soutenir des activités de voisinage et de socialisation à travers le village. Pour répondre à ce besoin, nous implanterons et consoliderons, à proximité des centralités existantes, différentes placettes qui répondront à différents besoins et différentes demandes des résidents de Kuujjuaq.

Notre mission : développer des plates-formes de socialisation, c'est-à-dire des espaces incitant au déploiement d'une vie communautaire et à l'implication collective, et cela, par la conception de places communes et par l'implantation d'un bâti en adéquation avec les aspirations résidentielles et cutlruelles des villageois et leurs pratiques locales.

 

Deux volets sont abordés par le projet, soit le volet de l'habitation et le volet social, les deux en aéquation et se supportant l'un et l'autre. Pour chacun des volets, nous nous sommes donnés des objectifs à répondre par le projet d'ici 2040.

Volet Habitation
Volet Social

Volet Habitation

L’enjeu réel le plus urgent de Kuujjuaq est le surpeuplement des logements et le manque d’unités d’habitation. Ainsi, nous avons intégré à la proposition une solution qui permet pallier cette crise du logement, et qui porte une attention particulière à la consolidation du vieux centre du village dans l’espoir de contrer le phénomène d’étalement actuel. Actuellement, il manque environ 1000 unités de logement social au Nunavik, dont 146 à Kuujjuaq à la fin de 2015. Pour Kuujjuaq 2040, le projet répond à 3 objectifs: agrandir les logements existants, consolider le tissu résidentiel existant et développer un nouveau quartier. Au total, pour répondre à cet enjeu , on propose 81 agrandissements de maisons existantes et 251 nouveaux logements.

Les agrandissements

Objectif 01 - Implanter des agrandissements résidentiels de manière à renforcer et intensifier le caractère des coeurs d'îlots pour ainsi soutenir la vie communautaire.

 

 

Le projet vise à répondre à un besoin urgent de chambres à coucher et à la problématique du surpeuplement. Le but derrière tout cela est donc d’implanter des agrandissements à certaines maisons abritant du logement social (les modèles U2, R2 et J2) afin non seulement d’atténuer leurs effets, mais également de renforcer le caractère et la dynamique du cœur d’îlot et de soutenir la vie communautaire de celui-ci.

 

 

 

L’ajout proposé est composé de modules qui abriteraient un nombre de chambres à coucher selon le besoin, ainsi qu’un espace commun polyvalent venant faire la liaison entre l’extension et l’existant, sans encombrer la desserte de camion nécessaire. Cet espace donne sur une terrasse arrière, en plus de pouvoir devenir une entrée principale de la maison, ce qui supporterait un regard supplémentaire à l’activité de la cour arrière.

 

En tout, 81 agrandissements sont proposés pour le centre du village de Kuujjuaq. Comme il s’agit d’un secteur existant, le radier est déjà prêt, donc, il ne faut que mettre les extensions sur vérins. Dans la plupart des cas, les agrandissements font face au coeur de l'îlot en étant positionnés sur la façade latérale ou arrière de la maison, n'obstruant pas la dessert de camion.

 

La consolidation

Objectif 02 - Implanter les nouvelles habitations pour consolider le tissu de manière à renforcer, intensifier et cintrer le caractère des coeurs d'îlots et celui des espaces communs.

 

 

Suite aux agrandissements, on souhaite consolider et resserrer le tissu résidentiel en venant ajouter une nouvelle maison entre deux maisons existantes voisines lorsque l’espace le permet. De cette façon, on vient aussi renforcer et cintrer le cœur d’îlot et celui des espaces communs partagés à proximité qui seront créés ou consolidés afin de les bonifier.

 

Les bâtiments proposés sont des maisons jumelées ou en rangée, et tiennent sur des vérins. Elles sont unies par un accès commun couvert qui permet non seulement des opportunités de rencontre à l’entrée, mais également un accès direct au centre de l’îlot par un « seuil-terrasse » partagé. En plus, une telle ouverture offre un certain degré d’intimité entre les logements au niveau du bruit par exemple. Encore une fois, comme on construit au cœur du village, le radier est déjà présent, et la mécanique des maison se trouver au niveau de la façade avant pour faciliter leur accès par les camions.

Le développement

Objectif 03 - Implanter les nouvelles habitations lors d'un développement en considérant, en conservant et en intégrant la nature.

 

 

Finalement, pour 2040, on propose un nouveau développement en bordure de la rivière et du boisé. Notre objectif derrière cela est d’implanter de nouvelles unités d’habitation en considérant, en conservant et en intégrant la nature. De plus, ce développement viendra soutenir les activités du sentier futur à proximité.

 

En fait, lors de notre visite, on a pu remarquer une privatisation de la rive et de l’accès aux espaces verts. En effet, ce sont surtout des maisons privées ou d’organismes pour leurs travailleurs qui se trouvent en bordure de ces lieux. Par ce nouveau quartier de logements mixtes et la nouvelle rue proposée qui longe les espaces naturels, on redonne à tous la possibilité d’en profiter.

 

On propose ainsi 15 bâtiments formés de maisons en rangée de deux étages sur pilotis, soit 60 logements, là où nature, topographie et pergélisol semblent nous le permettre près de la rive. Ces maisons pourraient accueillir de grandes familles, et le quartier aurait le potentiel de devenir multigénérationnel, surtout qu’il est près du Newviq’vi, qui est un peu comme le magasin général de Kuujjuaq, et de la maison des jeunes.

Le coeur d'îlot résidentiel

Pour nous, le fait que les cœurs d’îlots soient aussi larges, utilisés et grouillent autant d’activités que nous avons même pu observer lors de notre visite en octobre - que ce soit simplement de l’entreposage, du bricolage ou des enfants qui jouent - , c’est quand même un signe que ces espaces ont un rôle dans le mode de vie. Par conséquent, en resserrant et en cintrant les cœurs d’îlots, cela peut les rendre plus sécuritaires, plus communautaires ainsi que stimuler leur appropriation par le voisinage.

 

Ici, le cœur d’îlot devient un site de rencontres à petite échelle.

Volet Social et Communautaire

Outre l’habitation, une facette importante du projet proposé est son aspect social. De façon générale, il s’agit de redonner Kuujjuaq à ses habitants par l’ajout de microplaces publiques appropriables conçues et construites par les villageois.

L'atelier

En fait, notre séjour à Kuujjuaq nous a permis de comprendre et de constater la dépendance des villages nordiques aux villes du «sud», et cela, à plusieurs niveaux, que ce soit au niveau alimentaire ou constructif - celui qui nous intéresse le plus.

 

 

Objectif 04 - Favoriser l'implication des résidents dans l'aménagement du village en proposant des manières simples d'aménager et de construire usant de ressources disponibles sur place, et situer ces opportunités à proximité de lieux déjà équipés ou prédisposés à être aménagés.

 

Une ressource qui est le synonyme de cette dépendance aux services et à l’aide provenant du « sud » est le conteneur, qui transporte les matériaux, les biens et la nourriture, par exemple.

 

On propose ainsi un atelier de construction à l’emplacement même du Carpenter’s shop actuel de Kuujjuaq, et qui agirait comme une extension de ses services et de ses locaux. L’intégration d’un tel espace permet la transformation, la réutilisation et l’appropriation des conteneurs par les inuit eux-mêmes, en plus de permettre tout autre type de travail manuel. Les conteneurs inutilisés recueillis partout sur le territoire deviennent ici l’outil du changement.

 

De cette façon, tout le monde peut participer à la construction des agrandissements résidentiels ou à la construction des modules ou du mobilier pour l’aménagement des espaces publiques qui parsèmeraient le village.  Une telle conception et participation des inuit incitent inévitablement à une meilleure appropriation du village, ce qui aurait comme conséquence de faire en sorte qu’il finisse par davantage adopter leur image en devenant un village répondant à leurs besoins et au rythme de leurs traditions.

 

 

Le refuge

À Kuujjuaq, nous avons pu remarquer plusieurs lieux de rassemblements de personnes un peu partout dans le village, sans nécessairement qu'il y ait un aménagement quelconque pour les accueillir. Plutôt que de créer de nouveaux lieux de rencontres, on suggère l’implantation d'espaces récréatifs se matérialisant à proximité des pôles existants, où rien n’y est aménagé pour accueillir les activités informelles et formelles y prenant place.

 

 

Objectif 05 - Concevoir des espaces récréatifs extérieurs profitant des relations de proximité avec des points d'activités ancrés dans le village.

 

 

Un bon exemple de ces points d’activités existants est la patinoire extérieure. Lieu souvent fréquenté par les hockeyeurs de Kuujjuaq, on n’y retrouve aucune installation permettant d’y flâner, de s’y rencontrer ou même de s’y attarder (ex. s’asseoir). La seule trace d’aménagement présente est un banc de joueurs mal mené et, malheureusement, vandalisé.


Les conteneurs transformés ont plusieurs fonctions afin d’animer et de soutenir les activités de l’espace de la patinoire extérieure. On y retrouve un nouveau vestiaire, une loge pour regarder les parties de hockey ou simplement pour s’y réunir lorsqu’elles se terminent, et des espaces communs chauffés de pause. L’idée est de pouvoir profiter des activités hivernales tout en étant à l’abri des conditions du rude hiver de Kuujjuaq.

 

Une mise en œuvre simple et des matériaux peu couteux permettent de créer des espaces collectifs conviviaux où la population peut se réunir lors d’évènements sportifs, par exemple. Des chaises disparates aux bancs en contreplaqué, rien de plus complexe n’est nécessaire pour inciter les rencontres et la socialisation au sein du village.

 

De plus, afin d’en faire un point d’intérêt bien encré et bien encadré dans le village, du nouveau bâti résidentiel est implanté en face de la patinoire pour ainsi donner un regard sur l’espace en le rendant, du même coup, plus sécuritaire. Le nouveau développement permet aussi l’ajout, en son cœur d’îlot, de modules de jeux, soit un espace de socialisation en soi en accompagnement à l’espace principal récréatif.

Le repère

Statistiquement, la population de Kuujjuaq est très jeune : 46 % des habitants ont moins de 20 ans. Puisque la maison des jeunes déjà existante est plus ou moins fréquentée par cette tranche d’âge, le besoin d’un nouveau lieu de socialisation pour y faire aussi d’autres types d’activités est bel et bien présent.

 

 

Objectif 06 - Concevoir des espaces de rencontres pour les jeunes de 16 à 20 ans.

 

 

À proximité de l’école secondaire et du Northern Store, deux lieux de flânage déjà existants mais non aménagés, c’est là que se situe le nouveau repère des 16 à 20 ans. Cette plate-forme de socialisation se concrétise par l’agglomération de quatre conteneurs et un « seuil-terrasse » d’entrée protégé. Ce repère facilement appropriable et aménageable est l’endroit propice pour flâner, seul ou en groupe, et s’attarder à l’abri de l’hiver. Sa terrasse permet la prolongation du lieu en été. En effet, on peut profiter de la forme et de la structure du conteneur pour l’ouvrir en été grâce à ses grandes portes, ou pour les fermer lors de la saison froide ou en cas de précipitations ou de vents. Dans tous les cas, de telles plates-formes de socialisation permettent des rencontres qui s’extériorisent du milieu résidentiel pour meubler le village d’opportunités sociales.

Le sentier

 Dans ce village où le transport automobile est prédominant, on souhaite offrir un espace collectif de plaisance isolé du trafic routier, mais se situant tout de même à proximité du centre de Kuujjuaq et des services.

 

 

Objectif 07 - Concevoir des espaces récréatifs et collectifs en lien avec la nature.

 

 

Situé au bord de la rivière, du boisé et à proximité du site d’implantation du nouveau développement, le nouveau sentier a pour intention de redonner à tous, mais surtout aux inuit, un contact avec la rivière et la nature en milieu urbain. Pour ce faire, des espaces de jeux en plein-air pour enfants et des aires récréatives aménagées sont mis en place le long d’un sentier pédestre qui sera implanté par le projet.

 

De petites infrastructures semi-extérieures font office de stations où l’on peut s’y arrêter, s’y détendre, y manger, s’y réchauffer ou tout simplement s’y rencontrer, tout en ayant un rapport avec l’environnement naturel. Utilisé en hiver comme été, l’endroit peut accueillir des activités diverses telles que du vélo, de la raquette, de la marche, du ski de fond ou encore du patin à glace.

 

Bref, c’est un lieu faisant office d’espace récréatif et collectif, tant pour les secteurs résidentiels environnants que pour les urbains qui non pas nécessairement la chance de se rendre sur le «land» aussi souvent qu’ils le souhaiteraient.

Les placettes mobiles

Comme derniers espaces collectifs à consolider, on souhaite concevoir des espaces communs que l’on nomme ambulants, soit des espaces collectifs mobiles qui peuvent se déplacer en fonction des saisons, des activités et des évènements communautaires. On parle donc ici d’infrastructures multifonctionnelles pouvant être conçues et construites par les inuit à l’atelier de construction, et cela, afin de répondre à leurs besoins en matière d’espaces communs. Lesdites structures pourraient ainsi se déplacer, de site en site, afin d’y supporter les activités qui s’y déroulent et ce, pour le temps donné des activités en question.

 

 

Objectif 08 - Concevoir des espaces communs ambulants, mobiles, qui se déplacent en fonction des saisons, des actvitiés et des évènements communautaires.

 

 

Le principe est donc très simple, lorsqu’il y a une activité communautaire, on prend ces infrastructures préfabriquées et on les apporte là où les gens se rassemblent.

 

L’intervention propose donc 3 lieux où ces placettes ambulantes pourraient soutenir des activités communautaires : la plage, le Kuujjuaq Forum après une partie de hockey et la mairie du village durant le festival de musique AQPIK JAM. Ce sont des lieux, ou plutôt des destinations, déjà bien ancrés au sein de la communauté, qui montrent un potentiel actuel de socialisation, notamment par l’abondance de gens qui les fréquente.

Fête à la plage!

 

La plage est un endroit à Kuujjuaq fréquenté tant en hiver qu’en été. Les gens s’y rassemblent, y font un feu et profitent du contact avec la rivière et la baie. Cette relation avec l’eau est très importante pour les inuit, ce qui fait en sorte que ce lieu ait un caractère identitaire. Pourtant, actuellement, aucune infrastructure n’y favorise la socialisation ni l’appropriation. Aujourd’hui, la rive est plutôt bordée de maisons privées et d’entrepôts qui créent une barrière.

 

Alors pourquoi pas une placette ambulante qui s’y installe?

 

Des structures légères qu’on y dépose pourraient, par exemple, prendre la fonction d’un kiosque de nourriture, ou encore tout simplement celle d’un espace extérieur couvert où il fait bon de s’y abriter et d’y manger une bouchée tout en gardant contact avec la rive et un feu qui crépite. Ici, la place mobile s’y dépose de temps à autre ; elle se module selon les activités proposées afin de redonner la plage aux habitants et d’en faire un site de rencontres et de socialisation.

 

Ces infrastructures pourraient ainsi venir s’y implanter de manière à soutenir et à contribuer au déploiement d’activités collectives et récréatives, estivales ou hivernales. Elles pourraient être le support d’une foule d’activités en se métamorphosant tantôt en un espace de location pour du matériel récréatif comme des canoës, des kayaks, des ballons ou des raquettes, tantôt en kiosque de crème glacée. Bref, une grande variété d’opportunités dont peuvent être investis ces modules afin de répondre aux besoins des habitants en termes d’espaces collectifs.

 

Après le match de hockey, au Forum!

 

Les inuit sont des fans de hockey : ils y jouent et ils le regardent. C’est un sport d’équipe rassembleur dans lequel s’investissent beaucoup d’entre eux. Le Kuujjuaq Forum, soit l’aréna du village, est donc un endroit très fréquenté durant les parties. Toutefois, c’est une destination, et les gens n’y restent pas puisqu’aucune infrastructure n’est en place pour soutenir la sociabilité une fois la partie terminée.

 

Alors, pourquoi pas une placette ambulante qui s’y installe?

 

On pourrait y retrouver des kiosques de nourriture, ou encore des infrastructures extérieures chauffées, c’est-à-dire des structures permettant la rétention des villageois après les parties de hockey. Ces installations permettraient de créer des opportunités où tous, locaux comme non-locaux, jeunes et moins jeunes, pourraient s’y retrouver pour discuter et échanger autour d’un sport qui les unit tous. C’est simple : un kiosque à hot-dogs, des petits feux, des bancs de bois, un espace pour se réchauffer, et le tour est joué. La placette ambulante vient et s’adapte aux gens pour maximiser un potentiel de sociabilité.

 

Lors de tournois de hockey, la fréquentation de cette destination augmente, voire même, double. Pas de problèmes ! On y apporte davantage de modules qu’on combine et qu’on organise afin de répondre à la demande et au volume d’usagers. La force de ces placettes ambulantes, c’est, entre autres, leur adaptabilité. Rapides et efficaces, elles pallient un manque d’infrastructures socialisantes dans l’immédiat et selon les besoins fonctionnels des villageois.

 

Le festival de musique à l'hôtel de ville!

 

Finalement, la dernière intervention s’allie au festival annuel de musique AQPIK JAM, un évènement où plusieurs s’y rendent, tant les villageois de Kuujuuaq que les habitants des autres villages du Nunavik. C’est un évènement culturel conçu pour et par les inuit. Du monde, il y en a, et c’est souvent l’occasion pour plusieurs de retrouver des amis ou de la famille qui habitent dans d’autres communautés. L’évènement est majoritairement à l’intérieur de la mairie où se trouve la salle de spectacles. Ne serait-il pas intéressant que le festival déborde et se prolonge vers l’extérieur ?

 

Alors, pourquoi pas une placette ambulante qui s’y installe?

 

On peut ainsi penser à des structures couvertes ou partiellement couvertes pouvant accueillir des places assises, servir d’entreposage pour les équipements techniques ou encore, contenir des kiosques de vente et de nourriture.Ce serait donc une opportunité de soutenir une activité culturelle, et qui sait, de la prolonger à l’extérieur par l’ajout d’une scène et d’infrastructures favorisant les échanges sociaux.

 

Un rassemblement aussi important peut être également l’occasion de promouvoir l’artisanat et l’art inuit à l’échelle du Nunavik, par des modules qui se transforment en des galeries exposant le travail des artisans.

Finalement, des Sites de Rencontres

par les inuits, pour les inuits

Somme toute, le projet Sites de rencontres cherche à développer des plates-formes de socialisation, c’est-à-dire des espaces incitant au déploiement d’une vie communautaire et à l’implication collective.

 

En réponse à un surpeuplement des logements et à l’étalement urbain du village, 81 agrandissements et 251 nouveaux logements sont implantés, et consolident le tissu urbain de manière à renforcer, intensifier et cintrer le caractère des cœurs d’îlots et celui des espaces communs.

 

En réponse à l’implication des inuit dans l’aménagement et la conception de leur milieu de vie, le projet propose, par le biais d’un atelier d’artisanat, des manières simples et rapides d’aménager et de construire en usant de ressources rapidement disponibles sur place.

 

Et finalement, face à l’enjeu des espaces de socialisation, on implante au sein du village différents espaces récréatifs extérieurs, soit la patinoire, un espace pour les jeunes de 15 à 20 ans, un espace en nature ainsi que des placettes ambulantes qui répondent à la temporalité de certains événements communautaires.

 

Ces propositions pourront non seulement être mises sur pieds rapidement, mais reproduites avec une certaine facilité par les résidents sur place, tant à l’échelle de l’îlot de quartier qu’à celle du village au grand complet.

 

L’aménagement de Kuujjuaq aurait ainsi la liberté de devenir un système organique consolidant l’esprit de vie communautaire du village, et dont le principal acteur serait les habitants eux-mêmes.

 

 

Volet habitation
Volet social
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